25. AU MÊME.
Ruppin, 11 novembre 1732.
Mon très-cher ami,
Je vous renvoie ci-joint les incluses des vôtres. Je suis sensible autant que l'on peut à ce qui regarde le sujet de la lettre de Baireuth. Je rêve nuit et jour de quelle façon l'on pourrait y remédier, et j'espère que le bon Dieu gouvernera tous les cœurs de façon que le sort de ma sœur soit adouci. Mon cœur me saigne d'apprendre le triste sort des réfugiés. Il me semble que l'on ne saurait assez récompenser la constance que ces braves gens ont témoignée, et l'intrépidité avec laquelle ils ont souffert toutes les misères du monde plutôt que d'abandonner l'unique religion qui nous l'ait connaître les vérités de notre Sauveur. Je me dépouillerais volontiers de la chemise pour partager avec ces malheureux. Je vous prie de me fournir des moyens pour les assister; je donnerai de tout mon cœur, du peu de bien que j'ai, tout ce que je puis épargner, et je crois que chaque honnête homme devrait se faire un devoir d'assister de toutes ses forces des gens dont les pères et les parents ont souffert pour l'amour de Notre-Seigneur. Quel triste présage pour les pauvres Salzbourgeois! Ne serait-ce pas un motif pour leur faire obtenir leurs pensions?
Je viens à présent à Syberg, dont je n'ai jamais eu bonne opinion. Je le crois double coquin, et je vous loue infiniment, monsieur, d'avoir averti le Roi de se garder de ce fripon. Vous me dites, monsieur, qu'il m'avait mêlé dans son jeu; mais la meilleure justification que j'aie, c'est que je ne lui ai jamais parlé qu'en présence de beaucoup de témoins. Adieu, mon cher ami; je me recommande dans votre constante amitié, et je vous assure que je ne changerai jamais envers vous dans les sentiments d'estime et de considération avec lesquels je suis, etc.
Frederic.