2. A M. DE SUHM.
Ruppin, 17 mars 1736.
Mon cher Suhm,
Vous savez que des nouvelles agréables, annoncées par des personnes que nous aimons, semblent nous faire plus de plaisir qu'elles ne nous feraient, si nous les apprenions d'une bouche indifférente. Vous comprenez ou vous devinez sans doute que l'assurance que me donne Wolff de l'immortalité de mon âme (chose qui m'intéresse infiniment, et dont vous êtes l'interprète) doit me causer une double joie, me venant de vous, et me valant une lettre dans laquelle vous épuisez tout ce que la politesse a pu fournir de plus honnête et de plus obligeant. Il s'agit à présent d'y répondre, et je ne saurais vous dire autre chose, sinon que ce qui serait capable de me donner une bonne idée de mon âme, c'est la vive représentation qu'elle se fait de votre personne, et l'idée juste et avantageuse dans laquelle vous lui êtes toujours présent. Je me rappelle toutes nos conversations nocturnes, et je vous assure que je n'ai pas perdu un petit mot de tout ce que vous m'avez dit. Il me semblait entendre la bouche de la Vérité, dont émanaient des oracles.
Vous m'avez convaincu, persuadé d'une manière indubitable que je suis; j'attends à présent de vos soins officieux le reste de la traduction de cette admirable Métaphysique, et je vous assure que je suis et serai toute ma vie, avec toute la reconnaissance que <251>mérite un service aussi grand et aussi essentiel que celui que vous me rendez,
Mon très-cher Suhm,
Votre très-fidèlement affectionné et sincère ami,
Frederic.