103. DE M. DE SUHM.
Pétersbourg, 2 juillet 1740.
Sire,
Je n'avais pas attendu la confirmation des sentiments de Votre Majesté, qu'il lui a plu de me donner par sa toute gracieuse lettre du 14 du mois passé, pour me conformer aux insinuations du prince royal de Prusse en prenant les mesures propres à accélérer le bonheur de me voir à ses pieds.
Oh! je connais trop bien, Sire, le fond de votre grande âme pour qu'il eût pu entrer dans mon esprit une ombre du soupçon que le changement d'état apporterait quelque changement à votre façon de penser.
J'attends avec la plus vive impatience le succès des démarches que j'ai faites, craignant beaucoup que le grand éloignement et les formalités ne me fassent encore longtemps languir. En ce cas, il <394>ne faudra pas moins que la gracieuse assurance que V. M. vient de me donner, qu'elle va me regarder désormais comme lui appartenant, pour soutenir ma patience et mes forces. Pour ce qui est du comment et du pied sur lequel je serai, je n'ai absolument rien à dire là-dessus. Il me suffira d'être à vous, Sire, le reste ne me regarde point; trop heureux et trop content de savoir qu'un grand roi daigne me confirmer les sentiments aussi gracieux qu'inestimables dont il m'honorait comme prince royal, et de voir qu'il daigne agréer mes respectueux et tendres hommages, et ajouter foi à la sincérité du désir que j'ose lui témoigner de me retrouver à ses pieds et d'y finir mes jours en m'efforçant de lui prouver le zélé et respectueux attachement avec lequel je veux être jusqu'au dernier instant de ma vie, etc.