107. DE M. DE SUHM.

Memel, 7 septembre 17 40.



Sire,

Le trop grand empressement que j'ai eu pour faire chemin m'a reculé, et je me vois obligé de m'arrêter ici pour reprendre mes forces.

Un Portugais, petit homme noir, maigre et sec, mais bon philosophe et savant médecin, m'ayant engagé à me mettre au lait pour un an, afin de me rétablir entièrement, me promit que j'en <397>serais d'abord fort affaibli, et il m'a bien tenu parole. En revanche, il m'a garanti tout autre accident, et que je reprendrais mes forces bientôt. C'est ce que j'attends ici; et comme je serai obligé d'aller me congédier à Varsovie, j'ai cru de mon devoir d'avertir respectueusement V. M. de cette variation.

La satisfaction de me trouver dans les États de V. M. est si réelle, que, le lendemain de mon arrivée, je me suis senti du soulagement et une certaine tranquillité d'âme qui contribuera à hâter mon rétablissement. Mais ce qui m'encourage bien plus, c'est la douce et flatteuse espérance de me voir aux pieds de V. M. et de retrouver en elle un grand roi qui m'honore de sa bienveillance, et qui daignera me revoir comme l'homme du monde qui lui est le plus entièrement dévoué, étant avec la soumission la plus respectueuse,



Sire,

de Votre Majesté
le plus humble, plus obéissant et plus fidèle serviteur,
Suhm.