<136>Ce bras que votre peuple adore,
Et sous lequel on vit en sûreté,
Que l'ennemi redoute encore,
Que le public a justement vanté.
Cette nouvelle me fit beaucoup de peine; mon imagination triste ne pouvait se résoudre à la croire fausse, car, à parler naturellement à V. M.,
Ce bras est un palladion
Que bien humblement je révère;
Ma foi, de tout je désespère,
S'il reste dans l'inaction.
V. M. fait un magnifique portrait du plaisir que l'on goûtera à Berlin, à l'abri de cette paix qu'elle voudra bien accorder à l'Europe, qui l'en prie. Quand verrai-je ce salut de mes yeux?
M. Pöllnitz voudrait être franc-maçon; V. M. veut-elle permettre qu'il le soit?
Voici une lettre qui ne sera bonne qu'autant qu'elle aura le bonheur d'amuser V. M.
C'est là le fruit de mon oisiveté,
Ce ne l'est point de mon indifférence;
Des stoïques rigueurs nullement entêté,
Je goûte le plaisir comme un être qui pense.
Pour être indifférent, il faudrait ne pas penser. Des Cartes a dit pédamment : Je pense, donc je suis. Pour moi, j'aurais dit : Je goûte le plaisir, donc je pense. Une indifférence que j'ambitionne, c'est celle qui me porterait à ne plus faire de vers.
Sire, je n'ai que poésie en tète,
Et mauvais vers coûtent autant que bons
A ceux qui d'Apollon n'ont pas reçu des dons.
Vous et l'amour m'avez rendu poëte.
Je fais à l'égard des vers ce que fait Petrinia à l'égard du violon. Je ne suis pas assez aveugle pour ne pas sentir que je suis poëte comme je suis soldat. Je me dédommage du malheur que
a Voyez t. XIV. p. 44.