<17>l'a presque rendue publique sans ma permission, mais il l'a envoyée à V. A. R. Je ne me soucie point du tout que le public soit informé que Thieriot m'écrit, et il ne lui convenait en aucune façon d'oser me compromettre. C'est ainsi qu'il a réparé les torts qu'il avait avec M. de Voltaire. Je ne m'attendais pas à être obligée d'écrire un factum sur Thieriot à V. A. R.; mais l'imprudence de ses démarches m'y a forcée. Il faut encore que vous me permettiez, monseigneur, de vous envoyer la copie de la lettre que madame la présidente de Bernières a écrite à M. de Voltaire sur cette malheureuse affaire; elle fera voir à V. A. R. à quel point les hommes peuvent porter la méchanceté et l'ingratitude, et combien Thieriot est coupable de n'en avoir pas usé avec M. de Voltaire comme a fait madame de Bernières, qui cependant lui doit bien moins.
Je suis désespérée de penser que je vais ce printemps dans un pays où V. A. R. était l'année passée; cependant je me console par l'idée que ce voyage me rapproche de V. A. R. et des pays qui sont sous la domination du Roi votre père. Les terres que M. du Châtelet va retirer sont enclavées dans le comté de Loo, et ne sont pas loin du pays de Clèves. On dit que c'est un pays charmant et digne de faire la résidence d'un grand roi; cette idée m'empêchera de vendre ces terres, qui d'ailleurs sont, à ce qu'on m'assure, très-belles. Je vais aussi solliciter des procès à Bruxelles, et je me flatte que V. A. R. voudra bien alors m'accorder quelques recommandations. Tout cela fera un peu de tort à la physique; mais l'envie de me rendre digne du commerce de V. A. R. me fera sûrement trouver des moments pour l'étude.
Je demande à V. A. R. la permission de mettre une lettre pour M. de Keyserlingk dans son paquet, ne sachant où le prendre. J'espère, monseigneur, que vous voudrez bien aussi me permettre d'envoyer sous votre couvert deux exemplaires de mon ouvrage sur le feu, dont l'Académie vient de faire achever l'impression, l'un pour M. Jordan, et l'autre pour M. de Keyserlingk. Il faut enfin que je demande pour dernière grâce à V. A. R. de me pardonner la longueur de cette lettre en faveur des sentiments de