<192>Tenez, voilà assez de sottises pour une fois; contentez-vous-en, cher Jordan, jusqu'au premier ordinaire, où j'espère de ne point demeurer en reste. Adieu.
125. DE M. JORDAN.
Berlin, 1er mai 1742.
Sire,
Je ne parlerai aujourd'hui à Votre Majesté que politique et que guerre, et je serai dans la règle, puisque ce sont là vos plaisirs chéris; ces occupations sont aussi chères à V. M. que l'est à une coquette l'assortiment de sa toilette, car
Toujours combattre vaillamment,
En politique éviter la surprise,
Et découvrir adroitement
Ce qu'envoyé cache et déguise,
Dans un travail même accablant
Se reposer, occupant son génie,
Regarder tout comme un amusement,
Savoir quitter les plaisirs de la vie,
c'est là le sort de V. M.
Le goût de la politique commence pareillement à s'introduire à Berlin. On commence toutes les conversations par se demander : Que font les armées? où sont-elles? Les gens de lettres quittent leurs livres pour lire les gazettes, qui mentent, et qui ne nous sont jamais favorables, je ne sais pourquoi.
On dit ici que l'armée ennemie s'est emparée d'Olmütz; d'autres disent, au contraire, qu'elle s'est retirée en Autriche, parce qu'elle craint d'être attaquée par devant et par derrière. Les plus raffinés politiques assurent que dans moins d'un mois MM. les Autrichiens auront la bonté de déguerpir de la Bavière.
On ne parle à présent que de la harangue de mylord Stair aux états de Hollande. On fait un commentaire sur ces paroles : « »