159. AU MÊME.
Glatz, 28 juin 1742.
Federicus Jordano, salut. Écoute, l'ami Jordan, j'ai trop à faire ici, fortification, justice, économie, militaire, pour l'écrire beaucoup; mais je te parlerai davantage à Berlin.
Adieu. Tes vers allemands sont de l'hébreu pour moi.
160. DE M. JORDAN.
Berlin, 30 juin 1742.
Sire,
Votre Majesté traite bien mal les médecins. Il est sûr qu'ils vont souvent à tâtons dans tout ce qu'ils font; le pays dans lequel ils marchent est un pays de ténèbres et d'obscurité; la nature leur est peu connue. Il en est cependant qui, par leur habileté, savent prévenir les dangers. Rien de plus utile dans un pays qu'un bon chirurgien. Si j'étais prince, je voudrais avoir à cet égard ce qu'il y a de meilleur en Europe.
J'ai eu l'honneur d'entretenir V. M. des discours que tient le public sur la grande et intéressante nouvelle de la paix. V. M. peut être assurée d'une chose, c'est que généralement tout le monde en est pénétré de joie. On est en particulier charmé de voir le cardinal éloigné de ses vues, et ses desseins échoués. Il n'y a sur ce sujet qu'une seule voix.
On doit publier ici la paix ce matin; je me prépare à assistera cette cérémonie. J'aurai la consolation d'être le témoin de la joie qu'en ressent le peuple.
Le Tourbillon ne peut comprendre quel est ce terrain assigné par son époux, où il est impossible de combattre. Cette énigme, à coup sûr ingénieuse, est pour nous indéchiffrable.
V. M. fait de bien belles réflexions sur l'esprit léger et incon-