<276>ma sœur. Vous êtes en bonnes mains, et je ne m'inquiète en aucune manière de votre sort. Ma sœur, qui me connaît, pourra vous assurer que je suis toujours le même, que je suis incapable d'oublier ceux qui ont pris soin de mon jeune âge, ni de manquer de reconnaissance envers ceux qui souffrent pour l'amour de moi. L'ingratitude est un vice auquel je me sens une aversion de tempérament, et j'ose dire, sans blesser les lois de la modestie, que la reconnaissance a toujours été ma vertu favorite.
Puisse un heureux destin nous rejoindre, après qu'une certaine quantité d'actions se seront écoulées! Je suis dans vos dettes, et je brûle d'envie de m'acquitter.
Ne doutez jamais de la parfaite estime et de l'amitié sincère avec laquelle je suis à jamais,
Mon cher Duhan,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.
8. AU MÊME.
Remusberg, 9 octobre 1787.
Monsieur,
De mes plus jeunes ans fidèle conducteur,
Cher Duhan, qui sais joindre au savoir d'un docteur
L'aisance, la gaîté, les grâces et la joie,
Qui de la calomnie enfin devins la proie
Lorsque ses noirs serpents, répandant leurs venins,
Semblaient se déchaîner contre tous les humains,
Dans les bras de l'erreur ma timide innocence
Dormait d'un profond somme au sein de l'ignorance,
Quand Minerve, avec toi, le flambeau dans la main,
De l'immortalité m'enseigna le chemin.
De loin tu me montras le temple de la Gloire;
De tous les vrais héros l'on y trouve l'histoire.
L'auguste Vérité, chaste fille des cieux,
Et sa sœur l'Équité, président dans ces lieux.