14. AU MÊME.
Camp de Brzezy, 27 mai 1742.
Mon cher Duhan,
Vous apprenez à présent à connaître ce qu'est le monde, et de quels instruments se sert la Providence pour opérer les plus grands événements. Je suis, moi chétif, cet instrument, que vous connaissez d'autant mieux, que vous l'avez vu sortir de dessous l'enclume.
C'est par notre dernière actiona que l'Empereur est confirmé dans sa dignité de chef de l'Empire et de roi de Bohême. J'ai lieu de croire que cet événement décisif me procurera la satisfaction de vous voir avant que j'avais pu l'espérer.
Votre souvenir, mon cher Duhan, m'est toujours cher. Soyez un peu plus prodigue de vos lettres lorsque je suis absent, et de votre société lorsque je suis chez moi. Ne présumez point que la guerre rende mes mœurs farouches, et sachez que parmi la contagion il se conserve toujours des corps exempts de maladie.
Adieu, cher Duhan; conservez-moi toujours votre amitié, et soyez sûr de mon estime.
Federic.
15. AU MÊME.
Breslau, 18 mars 1744.
Vous me demandez quel est votre emploi comme directeur de l'Académie de Liegnitz. C'est de tirer tranquillement votre pension, de m'aimer et de vous réjouir. Ce sont des devoirs auxquels j'espère que vous ne vous refuserez point, et qui vous seront d'autant moins pénibles, qu'ils renferment tout ce que l'on exige de vous. Vivez content à Berlin, cher Duhan, et jouissez,
a La bataille de Chotusitz, qui eut lieu le 17 mai, et que la paix de Breslau suivit de près.