<292>de vous revoir bientôt à Berlin. N'oubliez pas vos amis, et soyez persuadé que je suis
Votre fidèle ami,
Federic.
23. AU MÊME.
Rohnstock, 24 octobre 1745.
Mon cher Duhan,
Si vos lettres s'achetaient par des batailles, il faudrait vous tracer en caractères de sang les réponses; mais puisque vous vous humanisez à présent avec moi, nous quitterons les combats et les batailles pour de plus douces occupations.
Je vous avoue que j'ai eu les larmes aux yeux lorsque j'ai ouvert les livres de mon pauvre défunt Jordan, et que cela m'a fait une véritable peine de penser que cet homme que j'ai tant aimé n'est plus. Je crains Berlin pour cette raison, et j'aurai bien de la peine à me sevrer des agréments que me procuraient autrefois dans cette ville l'amitié et la société de deux personnes que je regretterai toute ma vie.a
Je ne puis rien vous dire de positif sur mon retour. Je crois que je serai de retour le Ier de novembre au soir; mais je ne réponds de rien, car je dépends absolument des mouvements de l'armée ennemie, et je veux attendre qu'elle soit séparée, pour être tranquille à Berlin et ne point être obligé de revenir ici.
Je vous prie de m'acheter une belle édition de Racine, et de la tenir prête pour mon retour. Adieu, cher Duhan; au moins je compte bien sur le plaisir de vous trouver chez moi à mon débarquement, et de vous assurer que je vous aime et estime autant qu'il est possible.
Federic.
a Voyez ci-dessus, p. 317 et 321.