<7>avez acquise à si juste titre. Le plus grand plaisir que puisse goûter un être qui pense est, selon moi, celui de faire du bien, et, après, celui d'acquérir des connaissances; et les obstacles qu il nous faut vaincre pour acquérir ces connaissances font encore un plaisir nouveau. Vous connaissez trop ce plaisir pour que je vous en parle davantage; mais peut-être ne connaissez-vous point celui qu'on prend à vous écrire. Il est cause que les lettres s'allongent quelquefois plus qu'il ne faudrait. Je ne crois pas devoir vous en faire des excuses; je dois seulement vous prier de me croire avec tous les sentiments qu'inspire un mérite d'un caractère aussi distingué que le vôtre, etc.
4. DE LA MARQUISE DU CHATELET.
Cirey, 29 décembre 1738.
Monseigneur,
Les louanges dont Votre Altesse Royale a daigné honorer l'Essai sur le feu, que j'ai eu l'honneur de lui envoyer, sont un prix bien au-dessus de mes espérances. J'ose même espérer, monseigneur, qu'elles sont une preuve de vos bontés pour moi, et alors elles me flattent bien davantage.
Les critiques que V. A. R. a bien voulu faire sur mon ouvrage, dans sa lettre à M. de Voltaire, me font voir que j'avais grande raison quand j'espérais que la physique entrerait dans votre immensité.
J'aurais assurément eu grand tort, si j'avais assuré que l'embrasement des forêts était ce qui avait fait connaître le feu aux hommes; mais il me semble que l'attrition étant un des plus puissants moyens pour exciter la puissance du feu, et peut-être le seul, un vent violent pourrait faire embraser les branches des arbres qu'il agiterait. Il est vrai qu'il faudrait un vent très-violent, mais, avec un vent donné, cela me paraît très-possible, quoique j'avoue que cela n'est que dans le rang des possibles.