<80>ment exhorté ses chères ouailles à recevoir les troupes prussiennes avec tous les égards qu'elles méritent, et à les assister en tout ce qu'elles pourront. Cette action ne me paraît pas marquée au coin d'un zèle catholique.
Les gazettes, et par conséquent le public, assurent que M. le comte de Rottembourg est envoyé à Berlin de la part de la cour de France pour y négocier une affaire de la dernière importance.
Ce qu'on affirme avec une certitude opiniâtre, c'est que V. M. doit s'aboucher avec le grand-duc de Lorraine, et, les affaires terminées, aller passer avec ce prince le carnaval à Venise.
J'ai l'honneur d'être avec tout le respect possible, etc.
29. A M. JORDAN.
Neumarkt, 30 décembre 1740.
Vive Jordan et sa belle humeur! Tu n'engendrais pas le spleen, mon ami, lorsque tu m'écrivis ta dernière lettre. Pour nous autres, qui sommes ici par voie et par chemin, nous nous flattons avec raison d'être dans peu au bout de notre carrière, et d'avoir fait un petit exploit qui méritera quelque considération. Les bons coups vont se faire, et je me flatte que dans huit jours je pourrai t'écrire quelque chose de plus substantiel que les billevesées dont je t'ai entretenu jusqu'à présent. Nous sommes aux portes de Breslau; Glogau doit se rendre dans peu. La ville est aux abois, et d'ailleurs nos affaires commencent à prendre le train qu'elles devaient naturellement prendre.
Adieu. Divertis-toi bien, et étudie auprès de ton bon fourneau, tandis que nous nous battrons à travers la boue ou dans la neige. N'oublie pas, je t'en conjure, ton admirateur, qui crèvera un de ces jours de l'estime qu'il a pour toi.