35. A M. JORDAN.
Ottmachau, 17 janvier 1741.
J'ai l'honneur d'apprendre à Votre Humanité que nous nous préparons chrétiennement à bombarder Neisse, et que, si la ville ne se rend pas de bon gré, nécessité sera de l'abîmer. D'ailleurs, nos affaires vont le mieux du monde, et tu n'entendras bientôt plus parler de nous, car dans dix jours tout sera fini, et j'aurai le plaisir de vous revoir et de vous entendre environ dans quinze.
Je n'ai vu ni mon frèrea ni Keyserlingk; je les ai laissés à Breslau, pour éviter de les exposer aux dangers de la guerre. Ils en seront peut-être un peu lâchés, mais je ne saurais qu'y faire, d'autant plus que, dans cette occasion, on ne peut participer à la gloire, à moins que d'être mortier.
Adieu, M. le conseiller. Allez vous amuser avec Horace, étudier Pausanias, et vous égayer avec Anacréon. Pour moi, qui n'ai pour mon amusement que des nierions, des fascines et des gabions, je prie Dieu qu'il veuille bientôt me donner une occupation plus douce et plus paisible, et à vous santé, satisfaction, et tout ce que votre cœur désire.
36. DE M. JORDAN.
Berlin, 7 janvier 1741.
Sire,
Toutes les lettres qui viennent de Silésie ne sauraient assez se louer des troupes de V. M., du bon ordre et de la discipline qui y règnent.
On imprima samedi dernier, dans les gazettes de Berlin, une lettre d'un officier prussien qui veut bien rendre compte au public de ce qui s'est passé depuis l'expédition de Silésie jusqu'au mo-
a Le prince Auguste-Guillaume.