88. DE M. JORDAN.

Breslau, 6 octobre 1741.



Sire,

La ville fourmille de nouvelles que je crois fausses. Il semble que l'espérance de la paix tombe, et qu'on n'y veut plus penser. On assure que l'armée de V. M. vient se camper vers Brieg, dans l'ancien camp. On a écrit de Neisse que la ville était ouverte aux deux partis, et que le magistrat avait donné une somme très-considérable pour obtenir cette espèce de neutralité. Cette nouvelle, toute ridicule qu'elle est, s'accrédite. On flatte le public du bonheur de voir V. M. à Breslau le 20 de ce mois, et les états s'y assembleront deux jours après pour l'hommage. On prétend que la chose est impossible, 1o parce que ceux qui sont dans la Haute-Silésie ne peuvent venir, quelque bonne volonté qu'ils aient, sans courir de grands risques; 2o parce qu'on ne laisse pas assez de temps à plusieurs vassaux pour recevoir les pleins pouvoirs de leurs chefs respectifs.

On m'a assuré que la belle armée de V. M. entrerait dans les quartiers d'hiver le 19, et que, le 1er de novembre, toute la cour serait à Berlin.

<140>J'ai écrit à Voltaire et à Maupertuis, comme V. M. me l'a ordonné.

La pauvre madame de Rocoulle154-a est morte; c'est une lumière qui s'est éteinte faute d'huile.

On dit la reine de Hongrie entièrement brouillée avec son époux.

J'ai l'honneur d'être, etc.


154-a Voyez t. XVI, Avertissement, no XII, et p. 203-209.