25. A M. DUHAN.
Ostritz, 28 novembre 1745.
Mon cher Duhan,
Dieu merci, votre lettre m'est venue comme j'ai fini mon expédition, après avoir rechassé le prince Charles entièrement de la Lusace, et lui avoir pris trois magasins. Je ne vous entretiens point de faits de guerre, car je crois que mon expédition est assez publique à présent, et que vous en savez tous les détails.
Philosophez à présent à votre aise, et n'appréhendez rien, car nos affaires sont, Dieu merci, en assez bon état. Je me flatte d'avoir sauvé ma patrie du plus cruel de tous les malheurs, et <294>d'avoir protégé tant de braves sujets que j'ai, contre le fer et la flamme de Furies animées à perdre l'État et moi.
Si j'apprends de bonnes nouvelles du prince d'Anhalt, je serai bientôt à Berlin, et nous pourrons philosopher tranquillement et sans les mortelles inquiétudes où je me suis trouvé jusqu'à présent.
Adieu, cher ami; ne m'oubliez point, et aimez-moi un peu.
Federic.