<205>laissaient agrandir la cour de Vienne en puissance et en possessions.
C'est bien moi qui ai besoin de demander très-humblement pardon à V. M. de la longueur de ma lettre. Les vôtres, Sire, sont adorables et pleines d'intérêt. Je les aime de toutes mes facultés, j'en suis infiniment flattée. Que votre sort me touche sensiblement! Je ne saurais, Sire, l'exprimer parfaitement. Je ne désespère pourtant pas. Je conviens que c'est une dure épreuve que la situation présente de V. M., mais j'attends tout de son génie inépuisable, de sa sagesse, de son courage; ce sont des ressources fécondes pour elle, et qui l'ont tirée si souvent des plus cruels embarras! D'ailleurs, je me repose sur la bonne Providence, qui ne voudra pas abandonner la juste cause de V. M. De grâce, Sire, ménagez votre santé et votre vie, qui nous sont si chères. Nous perdrions tout en vous perdant; mais, tant que V. M. existe, nous espérons toujours. J'ai l'honneur d'être avec l'attachement le plus respectueux et le plus parfait,
Sire,
de Votre Majesté
la très-humble, très-obéissante servante,
Louise-Dorothée, D. d. S.
35. A LA DUCHESSE LOUISE-DOROTHÉE DE SAXE-GOTHA.
Leipzig, 16 décembre 1762.
Madame,
Si les traces de la vertu et de l'amitié étaient effacées dans le monde, on en retrouverait l'empreinte sacrée, madame, dans votre cœur respectable.a Que se peut-il de plus officieux et de plus serviable que les ouvertures que vous daignez me faire? Ah! madame, vous étiez faite pour gouverner des empires et pour ré-
a Voyez t. IV, p. 124, et t. VIII, p. 135 et 279.