<22>Adieu, cher cygne; je vous souhaite le retour de votre santé et de vos forces, en vous assurant de mon amitié et de mon estime.
Federic.
14. AU MÊME.
Remusberg, 8 novembre 1740.
Ton Apollon te fait voler au ciel,
Tandis, ami, que, rampant sur la terre,
Je suis en butte aux carreaux du tonnerre,
A la malice, aux dévots dont le fiel
Avec fureur cent fois a fait la guerre
A maint humain bien moins qu'eux criminel.
Mais laissons là leur imbécile engeance
Hurler l'erreur et prêcher l'abstinence
Du sein du luxe et de leurs passions.
Tu veux percer la carrière immense
De l'avenir, et voir les actions
Que le Destin avec tant de constance
Aux curieux bouillants d'impatience
Cacha toujours très-scrupuleusement.
Pour te parler tant soit peu sensément,
A ce palaisa qu'on trouve dans Voltaire,
Temple où Henri fut conduit par son père,
Où tout paraît nu devant le Destin,
Si son auteur t'en montre le chemin,
Entièrement tu peux te satisfaire.
Mais, si tu veux, d'un fantasque tableau,
En ta faveur, de ce nouveau chaos
Je vais ici te barbouiller l'histoire,
De Jean Callotb empruntant le pinceau.
Premièrement, vois bouillonner la gloire
Au feu d'enfer attisé d'un démon;
Vois tous les fous d'un nom dans la mémoire
a Le palais des Destins, Henriade, chant VII, v. 278 et suiv.
b Jacques, et non Jean Callot, célèbre graveur, mourut à Nancy en 1635. Voyez t. XI, p. 159.