<226>duisent des événements dont le vulgaire s'étonne, et qui en effet sont simples et naturels. Après trente ans de guerre que nos aïeux soutinrent, arriva la paix de Westphalie. Avec les prodigieuses armées que l'on a de nos jours, aucune puissance ne peut fournir au delà de sept à huit campagnes. Il n'y a donc pas à s'étonner que la reine de Hongrie, abandonnée par la Russie, la Suède et la France, menacée par le Turc, sur le point de perdre les cercles, et manquant des fonds nécessaires pour poursuivre le cours de ses animosités, ait enfin consenti à la paix que nous venons de signer. Le miracle aurait été de soutenir la guerre sans argent et sans alliés. Je ne m'étonne point, ma chère duchesse, des mauvais procédés de la cour de Vienne, dont vous vous plaignez; c'est le murmure et le bruit sourd des vagues qui se brisent contre le rivage après que la tempête est calmée. J'ai parlé de vos intérêts à la Princesse électorale en les termes les plus pressants. On m'a promis de prendre fait et cause dans l'affaire de la tutelle de Meiningen. Nous attendons ici journellement l'envoyé du roi de Pologne, et je lui parlerai à lui-même, ma chère duchesse, de vos intérêts. Vous pouvez vous attendre de moi à tous les services dont ma sincère amitié, mon estime et mon admiration pour votre personne sont capables. Je voudrais que les effets en fussent aussi pleins que le désir que j'ai de vous être utile est vif; la disposition, la volonté, l'ardeur de vous servir n'en sera pas moindre, et, quoi qu'il arrive, j'espère d'être assez heureux pour vous en donner des preuves. Ces idées m'occuperont pendant mon voyage de Clèves, à mon retour, et pendant tout le cours de ma vie. Daignez compter, mon adorable duchesse, sur ces sentiments et sur le dévouement entier avec lequel je suis,
Madame ma cousine,
de Votre Altesse
le fidèle cousin et serviteur,
Federic.