<260>pendant ne point fermer le chemin à un avenir plus favorable; l'autre, que la langue russe est beaucoup plus énergique et plus riche en expressions que l'allemande, et en inversions que le français; preuve de cela, c'est que, dans la traduction, l'on a souvent été obligé de paraphraser ce qui avait été dit avec un seul mot en russe, et de séparer ce qui ne faisait, pour ainsi dire, qu'un trait de plume. Ceux qui ont reproché à cette dernière langue de manquer de termes, ou se sont trompés, ou n'ont point su cette langue.
Ce me serait une marque bien sensible de l'amitié de V. M. si elle jugeait à propos de me communiquer ses avis sur les défauts de cette pièce. Ils ne pourraient que m'éclairer dans un chemin aussi nouveau que difficile pour moi; et ma docilité à la réformer montrerait à V. M. le cas infini que je fais et de son amitié, et de ses lumières, étant toujours avec la plus haute considération,
Monsieur mon frère,
de Votre Majesté
la bonne sœur, amie et alliée,
Catherine.
2. A CATHERINE II, IMPÉRATRICE DE RUSSIE.
Potsdam, 26 novembre 1767.
Madame ma sœur,
Je dois commencer par remercier Votre Majesté Impériale de la faveur qu'elle me fait en me communiquant son ouvrage sur les lois. Permettez-moi de vous dire que c'est un commerce qui a peu d'exemples dans le monde, et j'ose dire, madame, que V. M. I. est la première impératrice qui ait fait de tels présents que celui que je viens de recevoir. Les anciens Grecs, qui étaient de bons appréciateurs du mérite, divinisaient les grands hommes, en ré-