<8>avec Émilie. Ils iront, à ce qu'ils disent, dans peu à Bruxelles. Je crois que l'air du barreau ne leur conviendra ni à l'un ni à l'autre, et que Paris peut être regardé comme le centre d'attraction vers lequel tout Français gravite naturellement.
Si vous trouvez à Londres quelque ouvrage digne de la curiosité d'un étranger, faites-le-moi savoir, je vous prie. J'ai vu une pièce de mylord Chesterfield, pleine d'esprit, de bonne plaisanterie et d'agréments; elle est sur l'ajustement des dames. N'oubliez pas au moins les singulières productions du docteur Swift. Ses idées nouvelles, hardies et quelquefois extravagantes, m'amusent. J'aime assez ce Rabelais d'Angleterre, principalement lorsqu'il est bien inspiré par la satire, et qu'il s'abandonne à son imagination.
Adieu, cher Algarotti; n'oubliez point ceux que vous avez charmés à Remusberg par votre présence, et soyez persuadé de l'estime parfaite avec laquelle je suis
Votre très-affectionné ami,
Federic.
Mes compliments à mylord Baltimore.
4. AU MÊME.
Berlin, 26 février 1740.
Mon cher Algarotti, je ne sais quelle peut être la raison que vous n'avez point reçu ma lettre. Il y a près d'un mois que je vous ai écrit. J'ai été, depuis ce temps, attaqué d'une fièvre assez forte et d'une colique très-douloureuse, ce qui m'a empêché de répondre à mylord Baltimore. J'ai cependant travaillé autant qu'il m'a été possible, de façon que mon Antimachiavel est achevé, et que je compte de vous l'envoyer dans peu, après y avoir fait quelques corrections.