83. DU COMTE ALGAROTTI.
Venise, 7 mars 1753.
Sire,
Après un voyage des plus longs et des plus pénibles, je suis arrivé enfin à Venise. J'ai encore pu voir les derniers jours du plus maigre carnaval du monde.
Les nouvelles que l'on a ici de Constantinople ne parlent que de la tranquillité qui y règne moyennant les libéralités du Grand Seigneur et la conduite du grand vizir. On n'est pas pourtant sans crainte, dit-on, de quelque nouvelle révolution, et l'on croit la guerre indubitable, si jamais le Grand Seigneur vient à être déposé. J'espère que V. M. aura reçu, à l'heure qu'il est, la verdée. Je prends la liberté d'envoyer à V. M. quelques boutargues qui partiront à la première occasion.