<113>que vous serez plus content de cette édition que de la première. Mais permettez, Sire, que je prenne la défense de votre campagne contre vous-même. L'on ne pourra jamais vous en imputer les malheurs, parce que vous n'en avez point été la cause, et qu'ils sont arrivés indépendamment des soins que vous avez pris. Votre gloire, Sire, n'en a pas reçu la moindre atteinte. Je ne puis pas dire la même chose de l'édition des Réflexions; mais il est pourtant vrai que la copie du manuscrit m'a induit dans plusieurs erreurs. J'en envoie la preuve à V. M. L'ancien manuscrit dit : On distingue ceux; la nouvelle correction dit : On ne fait attention qu'à ceux. La correction nouvelle dit : Un vaste champ aux remarques; dans l'ancien manuscrit, remarques est effacé. Dans la nouvelle correction il y a : Je crains bien que ce beau phénix; dans le manuscrit : Je crois que ce phénix. Je pourrais envoyer encore plusieurs autres endroits à V. M.; mais cela l'ennuierait. D'ailleurs, je dois convenir qu'il y a deux ou trois fautes, et, entre autres, une assez lourde dont je suis coupable; je l'avais corrigée trois fois, et ces maudits imprimeurs l'ont encore commise en tirant la dernière épreuve. J'ai déjà donné ordre de faire venir l'Encyclopédie de Hollande; car les libraires ne font venir ce livre que pour ceux qui le demandent, attendu la cherté du prix, et ils ne l'ont pas dans leur boutique. Vous voulez donc, Sire, parcourir, cet hiver, un océan immense de mauvaises choses, dans lequel flottent quelques excellentes dissertations géométriques de d'Alembert et quelques ballons métaphysiques enflés de vent, qui, en faisant défendre cet ouvrage, lui ont donné une réputation qu'il a déjà perdue dans tous les pays où il est permis de l'avoir. Les derniers articles que Voltaire a mis dans ce livre se ressentent de la vieillesse, et ne valent guère mieux que son Candide; de l'esprit souvent, peu de jugement, et point de profondeur. Mais vous verrez tout cela par vous-même, et vous en jugerez bien mieux que moi. J'ai l'honneur, etc.