<13>loup-garou. En un mot, selon ma façon de penser, l'amitié est indispensable à notre bonheur.c Que l'on pense de la même manière ou différemment, que l'un soit vif, l'autre mélancolique, tout cela ne fait rien à l'amitié. Mais l'honnête homme, c'est la première qualité qui unit les âmes, et sans laquelle il n'y a point de société intime. Il faut, ce me semble, que l'on trouve son intérêt dans ces nœuds resserrés que l'on forme, intérêt de plaisir, de savoir, de consolation, d'utilité, etc. Voilà mon sentiment.

17. DU MARQUIS D'ARGENS.

Liége, 1er juillet 1747.



Sire,

J'ai retardé de deux ou trois jours d'écrire à Votre Majesté, pour pouvoir lui faire un détail circonstancié de tout ce qui m'est arrivé jusqu'au moment que je suis parti de l'armée pour aller à Liége reprendre ma compagne de voyaged et continuer ma route pour Paris, en passant par Bruxelles.

Ne recevant pas mes passe-ports à Wésel, après les avoir attendus cinq jours, je partis pour Aix-la-Chapelle, où à peine je fus arrivé, que je les reçus par une estafette que m'envoya M. le maréchal de Dossow.

D'Aix-la-Chapelle je me rendis à Liége avec une escorte de dix hommes que me donnèrent les Autrichiens, et qui vint de leur camp me prendre à Aix. En arrivant à Liége, j'y laissai Marianne, et je vins avec une escorte jusqu'au camp. Je m'adressai, le même jour, à M. de Puysieulx, ministre des affaires étrangères, qui me fit beaucoup de politesses, et qui m'en a toujours fait pendant mon séjour à l'armée. Il me présenta le lendemain au Roi, qui me reçut très-gracieusement. Il se mit à rire en me


c Voyez t. VIII, p. 58, et t. XVIII, p. 241.

d La danseuse Marianne Cochois (t. X, p. 195, et t. XI, p. 239), sœur cadette de Babet Cochois.