<14>voyant, et dit à M. de Puysieulx assez haut : « Voyez donc comme il ressemble à son frère. » Il me demanda ensuite des nouvelles de la santé de V. M., quand j'étais parti de Berlin, etc.
Le jour que je fus présenté au Roi, je dînai chez le maréchal de Saxe, le lendemain chez le duc de Richelieu, le surlendemain chez M. d'Argenson, ministre de la guerre, et hier chez M. de Puysieulx. Aujourd'hui, sixième jour de mon arrivée, je suis parti de l'armée, et c'est de Liége que j'ai l'honneur d'écrire à V. M. Le Roi m'a fait donner un passe-port, qu'il a signé de sa main, et j'ai un ordre du ministre pour prendre des escortes jusqu'à Bruxelles. On m'a promis toute la justice possible pour mes affaires; enfin tout va fort bien, excepté le présent, que je n'aurai qu'après que M. de Puysieulx aura parlé à M. de Chambrier;a encore faut-il pour cela que V. M. apprenne à ce dernier quelle est sa volonté à ce sujet. Voici l'explication de cette énigme. Le bon Valori, qui me hait cordialement, je ne sais pas pourquoi, eut la bonté d'écrire que le présent que le Roi ferait ne devait point être pour moi, qui n'étais porteur de la lettre de V. M. que par accident, mais qu'on devait le donner à l'écuyer qui conduisait les chevaux. Sur cela, lorsque je partis, M. de Puysieulx me parla naturellement. Il me dit qu'il était dans un grand embarras; qu'il voyait, d'un côté, que, portant la lettre de V M., votre intention paraissait être que ce fût moi qui eût le présent, mais que, d'un autre côté, il voyait que M. de Schwerin conduisait les chevaux; que, dans ce doute, il serait bien aise que M. de Chambrier lui dît un mot. Je répondis à M. de Puysieulx que je m'estimais si heureux d'exécuter les ordres de V. M., que je ne pensais point au présent dont il me parlait; que, comme cependant V. M. pourrait penser que c'était ou parce que je n'avais point été agréable au Roi, ou parce que j'avais pu faire quelque faute, que je n'avais point reçu le présent, je le priais de permettre que je vous écrivisse naturellement ce qu'il m'avait dit. Il me répondit que je lui ferais plaisir, et que je le tirerais d'embarras. Voilà, Sire, de quoi il est question. C'est la réponse de M. de Chambrier qui décidera cette affaire. Je supplie V. M. de
a Envoyé et ministre plénipotentiaire du roi de Prusse à Paris. Voyez t. III, p. 44.