<155>posé d'accabler non seulement de ridicule, mais encore de honte le pape et la cour de Rome. Rien de superflu dans votre ouvrage, mais rien d'oublié de tout ce qui pouvait le rendre utile. La plaisanterie, si j'ose me servir d'une expression des médecins, n'est que le véhicule qui sert à faire avaler aux lecteurs catholiques les choses fortes dont votre ouvrage est rempli, et qui, dépouillées des grâces d'une spirituelle badinerie, auraient déplu à plusieurs de vos lecteurs. Votre Lettre sur l'élection des papes est charmante; celle sur les prêtres faisant descendre chacun un Dieu, et le mangeant ensuite, ne l'est pas moins; mais la cérémonie de l'épée bénite est admirable. Qui vous a donc instruit de toutes ces cérémonies ridicules? Si je ne savais que le baron de Pollnitz est à Magdebourg, je croirais qu'il vous a dévoilé tous les secrets de cette sainte mère Église dans laquelle il est entré pour la troisième fois. La seule chose que je trouve à redire à votre ouvrage, c'est la façon dont il est imprimé. Vous vous plaignez des fautes de l'édition des Poésies diverses; et que devez-vous avoir dit lorsque vous avez vu les Lettres de votre mandarin? Vous ne devez point avoir la tendresse d'un père, si vos entrailles n'ont pas été émues de voir votre fils aussi cruellement déchiré. On va faire à Berlin une nouvelle édition de cet ouvrage; mais elle sera bien plus correcte, surtout pour la ponctuation.
Malgré tout ce que V. M. m'a fait la grâce de m'écrire, je suis toujours prêt à parier que les Français feront la paix vers la fin de juin, et voici, Sire, sur quoi je me fonde. Il y a deux partis en France, l'un pour la paix, l'autre pour la guerre. Au moindre accident fâcheux qui arrivera, le parti de la paix va jeter les hauts cris; le peuple, les parlements, les négociants, tout se réunira pour élever la voix, et le parti pour la guerre sera culbuté entièrement, ou du moins obligé de fléchir, surtout dans un gouvernement faible où l'on souffre que le parlement de Toulouse ait rendu un arrêt qui condamne à la mort quiconque osera lever des impôts qui n'ont point été approuvés par le parlement. V. M. dira peut-être que mon sentiment n'est fondé que sur l'espérance que les Français essuieront un échec; mais cette espérance est chez moi une certitude. Je m'en rapporte au prince Ferdinand, à M. Pitt et aux flottes anglaises. Enfin, Sire, je fais des pro-