<163>En vous amusant je soupire,
Et je déplore mon malheur.
Plein de chagrin et de fureur,
Je donne à tous les mille diables
Les cercles et leur empereur,
Les oursomanes exécrables,
Vos Français, quoique plus aimables.
Avec leur Louis du moulin,a
Ses ministres et sa catin,
Madame et monsieur le Dauphin,
Et la guerre et la politique.
Je confesse sincèrement
Que ce petit emportement
N'est pas dans le goût du Portique.
Et n'a point eu pour élément
L'impassibilité stoïque.
Mais j'aurais voulu voir Zénon,
Socrate ou le divin Platon.
Contre trois femmes enragées,
D'astuce et d'orgueil regorgées.
Se débattre dans ce canton
Et. dans ces plaines ravagées.
Essuyer sur leur triste front
Chaque jour un nouvel affront.
Leur sang-froid et leur patience,
Dans cette épreuve d'insolence.
N'aurait pas longtemps tenu bon;
Si même c'eût été Caton,
Dans son cœur rempli de souffrance
Il eût ressenti, j'en réponds,
Les aiguillons de la vengeance.
Et que peut la froide raison
Contre l'instinct de la nature,
Qui s'aigrit à force d'injure?
Car, selon mon opinion,
Il est à toute créature
Permis, après telle aventure.
De penser comme fit Timon.
Voilà, marquis, comme raisonne
L'esprit, ce sophiste éloquent.
Qui veut cacher par son clinquant
La passion qui l'empoisonne.
a Voyez t. III, p. 110, et t. XII, p. 126 et 156.