<188>avec fermeté. Adieu; je vous embrasse. Pensez quelquefois à moi, et soyez persuadé de mon estime.

143. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 12 août 1760.



Sire,

Les nouvelles de la Silésie nous apprennent que Votre Majesté y est arrivée heureusement avec son armée. Votre dernière lettre m'avait jeté dans la plus grande consternation, parce que, connaissant combien vous vous exposez, je craignais qu'il ne vous arrivât quelque accident, s'il y avait une bataille. Et que deviendrions-nous tous, si nous avions le malheur de vous perdre? Depuis la lettre dont vous m'avez honoré, le prince Henri a chassé les Autrichiens et fait lever le siége de Breslau; votre neveu le prince héréditaire de Brunswic a battu et dissipé entièrement l'armée française commandée par M. Du Muy;a vous êtes arrivé en Silésie malgré les oppositions de Daun. J'espère que tout ira bien le reste de la campagne. J'aime bien mieux voir le théâtre de la guerre dans un pays où vous êtes entre six ou sept places de guerre qui vous appartiennent que dans la Saxe, pays ouvert, et dont les villes sont de peu de résistance. J'ai un pressentiment qui ne s'est jamais démenti, et qui me dit qu'il arrivera quelque événement heureux. Si le prince Ferdinand, qui, avec le nouveau secours qu'il a reçu, est aujourd'hui aussi fort que les Français, vient à les battre, cela nous mettra à l'aise du côté de la Saxe, où il pourrait alors faire un détachement considérable. Enfin, Sire, pourvu que vous conserviez votre personne, tout se rétablira avec le temps. V. M. m'a lait l'honneur de m'écrire que Glatz était perdu; mais l'on assure ici qu'il n'y a que la ville de prise, et que la citadelle n'est point encore entre les mains des Autrichiens, et il semble, par les articles de Vienne


a A Warbourg, le 31 juillet 1760. Voyez t. V, p. 108.