<25>que des auteurs; les autres sont des gens qui, ayant de l'esprit, ont un caractère méprisable, et qui, comme l'abbé Fréron, ont été à Bicêtre ou à Vincennes pour des actions flétrissantes. Malgré ces difficultés, V. M. peut être assurée que, au retour de mon voyage de Provence, qui ne durera en tout que vingt jours, je tâcherai de la satisfaire.
Quant au peintre, cet article est plus aisé que l'autre; mais il faut que je m'y prenne finement, sans cela cet homme demanderait tout ce que V. M. voulait donner à Vanloo, et je souhaiterais l'engager à meilleur marché.
Je viens aux comédiennes. Les deux filles dont parle Petit chantent au concert de Rouen; elles n'ont jamais joué la comédie. On dit qu'elles sont assez jolies, mais je crois qu'il ne faut avoir recours à cela que si je ne trouve point à Lyon, où je serai dans quatre jours, ou à Strasbourg, à mon retour, quelques bons sujets. Ils sont bien rares, même à Paris, et je puis protester à V. M. que, sur la réputation de mademoiselle Babet, qui passe ici pour une fille de beaucoup d'esprit, on m'a fait à son sujet quelques propositions à la comédie française. V. M. n'aurait pu s'empêcher de rire de voir la grimace que je fis; je me contentai cependant de répondre que les personnes qui avaient du talent et du mérite ne quittaient jamais le service de V. M. Elle a fait pour son spectacle une perte dans Cochois le fils; c'était, il est vrai, un fou et un insolent; mais c'était un excellent comédien, aussi au-dessus de tous les comiques de la comédie française de Paris que Hauteville était en folie au-dessus de tous ses camarades. J'aurai l'honneur de rendre compte incessamment à V. M. de ce que j'aurai vu à Lyon. Je suis avec un profond respect, etc.