<302>reste que des sujets de joie. M. de Catt m'a dit qu'il avait rencontré auprès de Breslau M. le comte de Hordt;a ainsi vous aurez encore appris bien des nouvelles qui vous auront instruit de choses satisfaisantes.
J'ai lu avec un plaisir infini votre réponse à M. d'Alembert; il n'y a rien qui doive ni qui puisse le fâcher; c'est une plaisanterie ingénieuse, sans fiel et sans aigreur. Mais, en vérité, et les géomètres, et d'Alembert, et l'Académie française, tous ces gens-là deviennent des fous. Qu'est-ce donc que cet esprit philosophique si vanté, qui conduit à préférer Virgile au Tasse et à débiter d'un air important et décisif tant de paradoxes? Voilà comme, du temps de Sénèque et de Lucain, le goût du siècle d'Auguste commença à péricliter.
M. de Catt va passer trois jours à Wittenberg pour parler à son compatriote, qui l'a prié de faire la moitié du chemin de Berlin à Leipzig, étant pressé de retourner en Suisse. Je félicite V. M. d'avoir une personne qui lui est aussi véritablement attachée que M. de Catt; elle se ressouviendra de ce que j'eus l'honneur de lui écrire à son sujet l'année passée, au mois d'avril. J'avais appris bien des choses que j'ai encore plus éclaircies dans la suite, qui me prouvaient combien il était essentiel que V. M. n'eût dans l'intérieur de ses appartements et pour dépositaires de ses papiers que des gens d'une probité connue, et qui vous fussent entièrement dévoués. V. M. m'a fait la grâce de m'écrire qu'elle permettait que je prisse les eaux à Sans-Souci. Je profiterai de cette grâce, si elle veut bien le permettre, vers la fin du mois prochain, pour remettre entièrement ma santé, et pour faire ma cour à V. M., lorsque j'aurai le bonheur de la revoir, avec une assiduité qui répare le chagrin que m'a donné son absence. J'ai l'honneur, etc.
a Le colonel comte de Hordt, de retour de Saint-Pétersbourg, où il avait été prisonnier, allait alors rendre ses devoirs au Roi, à Breslau. Voyez t. V, p. 14.