234. AU MARQUIS D'ARGENS.
(Breslau) avril 1762.
Je voudrais pouvoir vous donner tous les jours, mon cher marquis, des nouvelles agréables. Pour à présent, il n'y a rien, sinon que la Suède va incessamment faire sa paix, comme je compte de recevoir le 20 la conclusion de celle que nous avons faite avec la Russie; ce sera aussi vers ce temps que je recevrai des nouvelles de cet endroit où vous avez été avec M. d'Andrezel. J'en ai reçu des contrées qu'anciennement gouvernait Mithridate,a qui me font le plus grand plaisir; la différence qu'il y a, c'est que le bien arrivera un mois plus tard. Malgré tant d'apparences favorables, vous ne sauriez croire combien j'ai de chagrins qui me viennent d'endroitsb dont je ne devais certainement pas en attendre. Enfin je crois être prédestiné, sur mes vieux jours, à voir exercer ma patience de toutes les façons. Seigneur, ta volonté soit faite! Eh bien, marquis, je deviendrai patient, et voilà tout; le compte fait, ce sera moi qui y gagnerai. Daun et presque toute l'armée autrichienne va venir ici contre moi; il y aura bien de la besogne, et, sans une bonne diversion, j'aurai de la peine à terminer la guerre. Adieu, mon bon marquis; aimez-moi toujours un peu, et soyez persuadé de mon estime.
235. DU MARQUIS D'ARGENS.
Berlin, 23 avril 1762.
Sire,
Je me doutais bien, par certaines choses que j'avais lues dans les papiers publics, des mauvaises manœuvres qu'on faisait dans
a C'est-à-dire de la Tartane, dont le kan était alors Krim-Guéraï. Voyez t. V, p. 168, 169. 188 et 189.
b D'Angleterre. Voyez t. V, p. 171-178.