<316>à celle des pythagoriciens et des premiers chrétiens, et cela me fournit de bonnes dissertations.
J'ai quitté V. M. balbutiant le grec, et je la reverrai le sachant comme les Dacier et les Saumaise. C'est aux chagrins que j'ai essuyés depuis dix-huit mois que je suis redevable de la connaissance d'une langue qui sert à mon amusement. Il fallait que je mourusse de douleur, ou que j'occupasse mon esprit pour le distraire des chagrins que lui causait cette maudite guerre. Soyez persuadé, Sire, que, après vous, personne n'a été plus sensible aux malheurs que nous avons essuyés quelquefois. J'étais accablé par deux mortelles inquiétudes : la première regardait le sort de tout l'État; mais la seconde, qui était bien plus considérable, tombait sur votre personne. Enfin, grâce au ciel, voilà toutes nos inquiétudes finies, et j'espère dans peu de mois avoir le plaisir de voir V. M. tranquille et heureuse dans le sein de la paix, goûtant un doux repos que ses veilles et ses fatigues ont bien mérité.
J'attends aujourd'hui ou demain une lettre de V. M. Je suis dans la ferme espérance que j'y trouverai la confirmation des bonnes nouvelles que V. M. m'a fait la grâce de me mander, et qui m'ont causé une joie qui m'a rendu entièrement la santé. J'ai l'honneur, etc.
241. AU MARQUIS D'ARGENS.
Bettlern, 18 mai 1762.
Vous trouverez bien ridicule, mon cher marquis, que depuis si longtemps je vous promette des nouvelles, et que je ne vous en donne jamais. Ce n'est assurément pas ma faute, mais plutôt celle des événements, qui se font attendre, et des distances que les courriers ont à parcourir pour arriver. Je ne puis donc vous rien dire, soit politique, soit guerre, sinon que le maréchal Daun a fait camper sa nombreuse armée, et que je suis encore en cantonnements, mais le pied à l'étrier. On m'a écrit quelques bonnes