<356>ont été occis, et nous les mangeons ce soir, en buvant de grandes rasades de vin à la santé de V. M. J'avais aussi certain jambon dans un garde-manger, destiné à la même fête, qui fera un grand ornement sur la table entourée de nos principaux académiciens, qui sont de très-bons citoyens, qui aiment plus votre gloire et votre mémoire immortelle que celle de tous les philosophes passés, présents et futurs.

Vous nous avez tous réjouis, et moi, en vous envoyant un nouvel ouvrage que j'ai fait,a je crains bien de vous ennuyer. Je me suis cependant efforcé de le faire le moins mauvais que j'ai pu; je l'ai travaille assidûment pendant un an de suite. V. M. y reconnaîtra aisément les différentes situations de mon âme. J'ai fait les dissertations sur les trois premiers chapitres pendant nos perplexités, celles sur le quatrième et les premières du cinquième lors du règne de Pierre III, et la fin de mon livre après la révolution. Mon but a été de détruire à jamais la superstition, à laquelle on a donné le nom de religion. Dissertations sur les hermaphrodites et sur les tribades; les rabbins prétendent qu'Adam était hermaphrodite, et que Dieu lui créa deux femmes; histoire de ces deux femmes. Dissertation sur la musique française et italienne, sur les poëmes épiques, sur Cicéron. Voltaire amplement critiqué sur tous ces sujets; réflexions sur ce prétendu siècle philosophique. Toutes ces dernières dissertations ont été faites pendant notre alliance avec Pierre III. Voici celles qui ont été composées après sa mort : les plus grands maux qui ont accablé l'univers depuis deux mille ans ont été causés par les prêtres; ils ont assassiné les rois et les empereurs; les


a Cet ouvrage est intitulé : Timée de Lucres en grec et en français, avec des dissertations sur les principales questions de la métaphysique, de la physique et de la morale des anciens, qui peuvent servir de suite et de conclusion à la Philosophie du bon sens, par M. le marquis d'Argens. A Berlin, 1763, quatre cent cinq pages in-8.