<75>première, je me suis proposé de prouver que l'objet de la maison d'Autriche et celui de la France avait été, dans tous les temps, d'anéantir la réformation; dans la seconde Lettre, j'ai montré que l'Autriche et la France croyaient que le moment de l'exécution de leur dessein était arrivé.
Si j'avais cette éloquence vive et persuasive que la nature vous a accordée si libéralement, j'aurais pu faire quelque chose de très-bon; mais, outre la médiocrité des talents que le ciel m'a donnés, la faiblesse de mon corps s'est communiquée à mon âme, et mon esprit n'est guère moins énervé que mes organes. J'ai tâché de réparer par l'exposition de la vérité les défauts de l'orateur, et j'ai eu recours à la raison toute nue, ne pouvant la présenter avec des ornements qui l'auraient rendue plus convaincante. C'est cette raison qui a fait trouver grâce à cet ouvrage auprès des lecteurs; et, puisque ces Lettres ont été plus heureuses que je n'osais m'en flatter, je compte d'en publier encore cinq ou six nouvelles, si j'ai la force de les faire.
J'ai l'honneur d'envoyer à V. M. le Bref du pape avec la traduction latine. Il y a plus de sel et plus d'imagination dans cette pièce que dans tout ce qu'on a publié et qu'on publiera pendant le cours de cette guerre.
Personne ne sait que je suis l'auteur des Lettres que j'ai l'honneur d'envoyer à V. M.; l'imprimeur même qui les imprime l'ignore. Il n'y a que M. de Beausobre à qui j'en aie fait la confidence, qui est chargé de l'impression. Je supplie V. M. de ne point me nommer, car tout le public est persuadé que cet ouvrage est véritablement écrit par un ministre du saint Évangile, et nous perdrions tout le fruit qu'on peut en retirer, si l'on savait que c'est la production d'un auteur dont les livres ont été brûlés dans plusieurs pays pour cause d'irréligion.
J'aurais un grand besoin de prendre les eaux minérales à Sans-Souci, si vous vouliez bien me permettre d'y aller pour une quinzaine de jours. Je souhaiterais calfeutrer mon pauvre étui, qui s'en va périssant de tous côtés. Les médecins m'assurent que les eaux et l'exercice me feront grand bien. Je me promène ici en carrosse; mais l'on veut que je marche à pied.
Je n'ai point fait encore paraître la Lettre de M. de Soubise,