72. AU MÊME.
Waldow, 4 septembre 1759.
Je crois, mon cher marquis, que Berlin est à présent en sûreté; vous pouvez y retourner. Les barbares sont en Lusace, et je les côtoie, de façon qu'il n'y a rien à craindre pour la capitale. L'éminent danger est passé, mais il y aura encore bien des mauvais moments à essuyer avant de gagner la fin de la campagne. Comme ces mauvais moments ne regardent que mon personnel, ce n'est pas une affaire. Mon martyre durera encore deux mois; les neiges et les gelées le finiront. Je vous écris tout ceci parce que je vous crois à Tangermünde moins bien qu'à Berlin ou Potsdam, et parce que l'éloignement des Russes et les prises de Torgau et de Wittenberg rassurent la capitale. Adieu, mon cher; ne m'oubliez pas.
73. DU MARQUIS D'ARGENS.
Wolfenbüttel, 9 septembre 1759.
Sire,
Je vais me rendre à Berlin; j'y attendrai les nouveaux ordres de V. M., et je suis toujours prêt à aller où vous souhaiterez. Je vous supplie, Sire, de n'avoir aucun égard à ma santé; quand elle serait encore plus faible, elle deviendra forte dès le moment que je pourrai avoir le bonheur de vous voir.
Quand j'arrivai à Tangermiinde, tout était si rempli d'étrangers. qu'il me fut impossible de trouver un logement. Je ne voulus pas rester dans des villages, à cause des petits partis de l'armée de l'Empire qui rôdaient aux environs de Magdebourg et de Halberstadt, et je poussai ma route jusqu'à Wolfenbüttel, où je suis encore, et d'où je partirai demain. Je n'ai jamais douté, Sire, que vous ne réparassiez bientôt l'échec de la dernière bataille,