« <59>tune. Souvenez-vous sans cesse de la gloire que vos ancêtres se sont acquise dans les plaines de Varsovie, à Fehrbellin, et dans l'expédition de la Prusse. Votre sort est entre vos mains : les distinctions et les récompenses attendent que vos belles actions les méritent. Mais je n'ai pas besoin de vous exciter à la gloire; vous n'avez qu'elle devant les yeux, c'est le seul objet digne de vos travaux. Nous allons affronter des troupes qui sous le prince Eugène ont eu la plus grande réputation : quoique ce prince ne soit plus, d'autant plus d'honneur y aura-t-il à vaincre, que nous aurons à mesurer nos forces contre de braves soldats. Adieu, partez. Je vous suivrai incessamment au rendez-vous de la gloire qui nous attend. »
Le Roi partit de Berlin après un grand bal masqué; il arriva le 21a de décembre à Crossen. Une singularité voulut que ce jour même, une corde, apparemment usée, où la cloche de la cathédrale était suspendue, se rompît. La cloche tomba; cela fut pris pour un sinistre présage, car il régnait encore dans l'esprit de la nation des idées superstitieuses. Pour détourner ces mauvaises impressions, le Roi expliqua ces signes avantageusement. Cette cloche tombée signifiait, selon lui, l'abaissement de ce qui était élevé; et comme la maison d'Autriche l'était infiniment plus que celle de Brandebourg, cela présageait clairement les avantages qu'on remporterait sur elle. Quiconque connaît le public, sait que de telles raisons sont suffisantes pour le convaincre.
Ce fut le 23 de décembre18 que l'armée entra dans la Silésie. Les troupes marchèrent par cantonnement, tant parce qu'il n'y avait point d'ennemi, que parce que la saison ne permettait pas de camper. Elles répandirent sur leur passage la déduction des droits de la maison de Brandebourg sur la Silésie. On publia en même temps un manifeste, contenant en substance, que les Prussiens prenaient possession de cette province pour la garantir contre l'irruption d'un tiers; ce qui marquait assez clairement qu'on n'en sortirait pas impunément. Ces précautions firent que le peuple et la noblesse ne regardèrent point l'entrée des Prussiens en Silésie comme l'irruption d'un ennemi, mais comme un
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a 14 décembre.