<117>s'il conserve le commandement de l'armée. Il s'est fait un système tout opposé à votre projet. Les batailles de Hohenfriedeberg et de Lissa sont toujours présentes à la mémoire des Autrichiens.
Si votre projet peut avoir lieu, il nous conduira à deux choses, qui sont de céder à nos ennemis le premier pas et les marches, au lieu que nous les avons toujours prévenus par l'ouverture des campagnes.
Le second point regarde l'attaque de leur armée en marche; mais leurs marches, comme V. M. le remarque, sont si bien conduites et si exactement masquées par la multitude de leurs troupes légères, qu'on ne doit guère se flatter de remporter des avantages réels dans une occasion semblable.
Il en est de même de l'attaque de leurs postes, qui sont également forts et inabordables; ce serait y sacrifier une infinité de monde, et le succès en serait très-incertain. Si le poste est mauvais, ils l'abandonnent. C'est ce que nous avons vu pratiquer à plusieurs de leurs généraux.
Malgré ces difficultés, il serait bien fâcheux qu'il ne se présentât pas dans le cours d'une campagne une occasion de les trouver en défaut.
L'article de l'artillerie est le troisième point, et sans doute il est capital. V. M. convient des faits suivants : que l'artillerie des Autrichiens est de beaucoup supérieure à la nôtre, qu'elle est mieux servie, et qu'elle atteint de plus loin par la bonté de la poudre et par la quantité qu'ils en emploient dans la charge des pièces. L'exécution de cette artillerie formidable a seule donné lieu aux remarques que V. M. a faites sur la valeur intrinsèque de notre infanterie présente.
Les Romains adoptèrent les épées de bonne trempe des Gaulois, et asservirent leurs vainqueurs. Suivons leur exemple, Sire, ainsi que vous l'avez résolu; opposons artillerie à artillerie avec la proportion des artilleurs, et vous ferez des régiments de votre armée autant de légions sacrées de Thébains. Il n'y a que cette supériorité d'artillerie, dont ils ont senti les effets, qui ait un peu ralenti leur ardeur naturelle.
Je suis, etc.