<133>à l'occasion du voyage que j'ai heureusement fait en Silésie. J'y ai trouvé les choses en assez bon état, et ne suis fâché que d'y avoir vu votre beau-filsa dans un état des plus malingres, qui donne tout lieu d'appréhender qu'il cessera bientôt de vivre. Sur ce, je prie Dieu, etc.
P. S. Me voici de retour, mon cher. Je puis dire de mon voyage économique et militaire que, si je n'ai pas trouvé tout également bien, du moins tout est passable.
35. AU MÊME.
Le 19 octobre 1764.
J'ai reçu, mon cher ami, le pâté du Périgord de Brandebourg.b Je l'ai gardé pour apprendre si vous en voulez prendre votre part. Je suis tout seul; si le voyage ne vous incommode pas, ou si d'autres raisons ne vous retiennent, il dépendra de vous de rendre une petite visite à votre ami.
Le pauvre Nimschöffsky, qui était un bon et digne officier, vient de décéder. J'en suis fâché, mais bientôt nous irons le rejoindre dans ce pays d'où personne ne revient.
Nous avons fait des manœuvres qui ont réussi tant bien que mal. Les officiers de l'état-major ne sont pas encore reformés; il faut encore quelques années pour remonter cette machine sur le pied précédent. Cependant je me fais vieux, et je devrais plutôt penser à graisser ma voiture pour le grand voyage qu'à manœuvrer avec des troupes que, selon toutes les apparences, je ne mènerai plus à l'ennemi.
a Le colonel de Nimschöffsky. Voyez t. IV, p. 221, et t. V, p. 127 et 223.
b Le Roi aimait les truffes et faisait venir tous les ans un pâté du Périgord. Fouqué avait amené de la Croatie quelques chiens dressés à déterrer les truffes. On trouva dans les environs de Magdebourg et de Halberstadt des truffes qui ne le cédaient point à celles d'Italie, et Fouqué, en ayant fait faire un pâté à la façon de ceux du Périgord, l'envoya au Roi, qui le trouva très-bon. (Note de M. Büttner.)