<272>les plus sanglantes. Il faut la patience du bonhomme Job pour supporter tout ceci, et je préférerais la fièvre du pauvre Maupertuisb aux inquiétudes de la vie que je mène, car on voit la fin de l'une, et pas de l'autre. Il est vrai que l'on commence à parler de ces gens qui, au lieu de porter des chapeaux, entortillent leurs têtes de mousseline; mais cela est loin encore. Quoi qu'il en arrive, mon cher mylord, heureux ou malheureux, mort ou vif, vous pouvez compter que, tant que durera mon existence, vous aurez en moi un fidèle ami.
20. AU MÊME.
Doberschütz, 19 octobre 1758.
aC'est avec bien des regrets, mylord Maréchal d'Écosse, que je vous annonce la mort de mon brave maréchal Keith;b et, comme si tous les malheurs devaient se réunir pour m'accabler, la princesse de Baireuth, cette sœur la plus chérie, et qui mérita le plus de l'être, vient aussi de m'être enlevée.c Dieu vous conserve et vous ait en sa sainte garde!
dQuelle triste nouvelle et pour vous, et pour moi!
b Maupertuis mourut à Bâle le 27 juillet 1759. Voyez t. XVII, p. VIII et IX.
a De la main de M. de Catt, à qui Frédéric avait adressé, le 15 octobre 1758, le billet suivant, que nous tirons des Mémoires (manuscrits) de ce lecteur du Roi : « Écrivez une lettre bien touchante au pauvre mylord Marischal sur la mort de son frère. Je perds là une bonne tête. Que dira mylord Marischal? J'entre d'avance dans ses inquiétudes. »
b Le feld-maréchal Keith, tué d'un coup de feu à la bataille de Hochkirch, le 14 octobre, était né le 11 juin 1696, au château d'Inverugie, près de Peterhead, en Écosse. Voyez t. II, p. 25; t. IV, p. 6, 240-242; t. X, p. 226; et t. XII, p. 108-116.
c Le 14 octobre. Voyez t. IV, p. 252 et 253.
d De la main du Roi.