4. AU MÊME.
Potsdam, 4 avril 1750.
Monsieur, j'ai reçu votre lettre avec grand plaisir. Votre ode, pour être arrivée tard, ne m'en a pas paru moins bonne, et j'accepte bien volontiers l'augure que des vœux aussi heureusement exprimés semblent m'annoncer pour cette année. Cet ouvrage est peut-être un des plus parfaits qui aient été faits en ce genre. Je n'y vois de défaut que d'y être trop loué; mais, si je blâme le peu de ressemblance du portrait, je ne puis m'empêcher d'admirer la beauté du tableau, et, pour ne rien dérober aux applaudissements qui vous sont dus, ce beau morceau, puisque vous le souhaitez, sera lu dans l'Académie.a
Je ne me rappelle pas d'avoir fait aucune correction à l'ode que je vous ai adressée. En tout cas, je vous l'envoie telle qu'elle a été retrouvée dans mes archives poétiques. Vous êtes le maître de la faire imprimer, et je consens également que vous publiiez mes lettres. Je doute très-fort cependant qu'elles puissent soutenir le grand jour et la comparaison de vos ouvrages; c'est mettre mon bavardage dans un voisinage trop dangereux. Mais, puisque cela peut vous flatter, je veux bien en courir le risque. On verra aisément que mon objet, en vous écrivant, est moins de quêter des louanges que de vous marquer mon admiration et mon estime.
5. AU MÊME.
Potsdam, 10 septembre 1769.
Ma surprise a été bien agréable en recevant votre charmante lettre, à laquelle je ne m'attendais guère. Je vois avec plaisir que vous n'avez pas oublié un de vos anciens admirateurs et délaissé le Parnasse, comme on me l'avait dit si souvent. Vous au-
a Voyez les Souvenirs d'un citoyen (par Formey), t. II, p. 250-252.