7. DE LÉONARD EULER.
Berlin, 19 octobre 1743.
Sire,
Votre Majesté m'a fait la grâce, en me rappelant de Pétersbourg, de in accorder les frais du voyage; mais, comme je me suis trouvé jusqu'ici hors d'état de servir la nouvelle Académie à laquelle j'ai été appelé, je n'ai pas osé demander l'accomplissement de cette précieuse promesse.
Or, maintenant, me voyant dans l'état de faire valoir mon peu de savoir auprès de la nouvelle Société littéraire, je prends la liberté de supplier V. M. de m'accorder gracieusement trois cents écus pour mon voyage, qui m'a coûté près de cinq cents écus. Mais, ayant joui de ma pension ici dès mon départ de Pétersbourg, j'en dois rabattre deux cents, que j'ai déjà reçus pour le temps pendant lequel j'ai été en voyage. La nécessité où je me trouve de payer ma maison m'oblige de faire cette très-humble demande à V. M., et, pour mériter cette grâce, je tâcherai de tout mon pouvoir de rendre à la nouvelle Société tous les services dont je suis capable.
<203>Cette Société se trouve, à mon avis, déjà sur un si bon pied, qu'il ne manque plus qu'un bon mathématicien avec un habile astronome pour la rendre aussi et peut-être plus parfaite que celle de Paris. M. Daniel Bernoulli, à qui V. M. a déjà fait offrir un engagement, serait le plus habile homme pour la première place, et, en cas que sa présence ne soit pas jugée nécessaire, il s'offre de travailler à Bâle pour la Société autant qu'il a fait jusqu'ici pour l'Académie de Pétersbourg, moyennant une petite pension par an.
Pour un astronome, je ne crois qu'on en saurait trouver un qui fût plus habile que M. Heinsius, professeur en astronomie à Pétersbourg, qui est déjà sur le point de retourner en Allemagne.
Le magistrat de ma patrie m'a chargé de présenter à V. M. la lettre ci-jointe. Je suis avec le plus profond respect, etc.