34. AU MÊME.
Leipzig, 9 mars (1761).
J'ai reçu, mon cher mylord, votre lettre avec bien du plaisir. Je vous vois sur votre départ d'Angleterre et prêt à retourner à Colombier, où des dissensions civiles et des soi-disant schismes vous attendent.315-b Croyez-moi, vous ferez taire vos docteurs plus vite que nous n'accorderons les têtes politiques de l'Europe, quoique, <283>à vous dire vrai, l'éternité des peines m'embarrasse moins que le chaos des prétentions que la cupidité de tant de souverains forme.
Vous saurez comme nous sommes parvenus à chasser les Français de la Hesse. Le prince Ferdinand assiége actuellement Cassel. Veuille le ciel que ces succès accélèrent la paix, dont l'Europe et nous surtout avons grand besoin. Ne vous inquiétez pas tant pour mon tabac, mon cher mylord; cela n'en vaut pas la peine. Celui d'Amsterdam ne m'est pas encore délivré; je crois, pour l'avoir, que je serai obligé d'intenter un procès au marchand qui le retient; mais que cela ne vous inquiète pas.
J'ai été charmé des procédés du roi d'Angleterre à votre égard; je regarde tout le bien qui vous arrive comme si c'était à moi-même qu'il arrivât, et ce n'est qu'une vertu bien pure qui s'attire une amitié pareille. Jouissez-en longtemps, mon cher mylord, et comptez-moi toujours au rang de vos vrais et sincères amis. Adieu.
315-b Au mois d'avril 1758, le pasteur de la Sagne, nommé Prince, appuyé par son consistoire, se plaignit à la Classe de Neufchâtel de ce que M. Petitpierre, pasteur de la Chaux-de-Fonds, prêchait la doctrine de la non-éternité des peines. Le Roi voulut en vain conserver ce dernier; il fut destitué.