<162>6o Ayant déjà répondu à votre sixième objection, il me suffira de rappeler ici que Dieu, ne pouvant pas changer l'essence des choses, ne saurait par conséquent se priver de ses attributs.
7o Après avoir prouvé qu'il est contradictoire que Dieu puisse donner à l'homme la liberté d'agir, il serait superflu de répondre à la septième objection, quoique je ne puisse m'empêcher de dire, au nom des Wolff et des Leibniz, aux Clarke et aux Newton, qu'un Dieu qui entre dans la régie du monde, entre dans les plus petits détails, dirige toutes les actions des hommes dans le même temps qu'il pourvoit aux besoins d'un nombre innombrable de mondes, me paraît bien plus admirable qu'un Dieu qui, à l'exemple des nobles et des grands d'Espagne, adonnés à l'oisiveté, ne s'occupe de rien. De plus, que deviendra l'immensité de Dieu, si, pour le soulager, nous lui ôtons le soin des petits détails?
Je le répète, le système de Wolff explique les actions des hommes conformément aux attributs de Dieu et à l'autorité de l'expérience.
8o Quant aux emportements et aux passions violentes des hommes, ce sont des ressorts qui nous frappent, puisqu'ils tombent visiblement sous nos sens; les autres n'en existent pas moins, mais ils demandent plus d'application d'esprit et plus de méditation pour être découverts.
9o Les désirs et la volonté sont deux choses qu'il ne faut pas confondre, j'en conviens; mais le triomphe de la volonté sur les désirs ne prouve rien en faveur de la liberté. Ce triomphe ne prouve autre chose sinon qu'une idée de gloire qu'on se présente en supprimant ses désirs. Une idée d'orgueil, quelquefois aussi de prudence, nous détermine à vaincre ces désirs; ce qui est l'équivalent de ce que j'ai établi plus haut.
10o Puisque, sans Dieu, le monde ne pourrait pas avoir été créé, comme vous en convenez, et puisque je vous ai prouvé que l'homme n'est pas libre, il s'ensuit que, puisqu'il y a un Dieu, il y a une nécessité absolue, et, puisqu'il y a une nécessité absolue, l'homme doit par conséquent y être assujetti, et ne saurait avoir de liberté.
11o Lorsqu'on parle des hommes, toutes les comparaisons