<187>soient métaphoriques; elles sont trop réelles, pour mon malheur. Je tremble de vous appliquer les deux plus beaux vers que Rousseau ait peut-être faits de sa vie :
Et ne mesurons point au nombre des années
La course des héros,a
Césarion m'a fait un rapport exact de l'état de votre santé. J'ai consulté des médecins sur ce sujet; ils m'ont assuré, foi de médecins, que je n'avais rien à craindre pour vos jours; mais, pour votre incommodité, qu'elle ne pouvait être radicalement guérie, parce que le mal était trop invétéré. Ils ont jugé que vous deviez avoir une obstruction dans les viscères du bas-ventre, que quelques ressorts se sont relâchés, que des flatuositésb ou une espèce de néphrétique sont la cause de vos incommodités. Voilà ce que, à plus de cent lieues, la Faculté en a jugé. Malgré le peu de foi que j'ajoute à la décision de ces messieurs, plus incertaine souvent que celle des métaphysiciens, je vous prie cependant, et cela véritablement, de faire dresser le statum morbi de vos incommodités, afin de voir si peut-être quelque habile médecin ne pourrait vous soulager. Quelle joie serait la mienne de contribuer en quelque façon au rétablissement de votre santé! Envoyez-moi donc, je vous prie, l'énumération de vos infirmités et de vos misères, en termes barbares et en langage baroque, et cela, avec toute l'exactitude possible. Vous m'obligerez véritablement; ce sera un petit sacrifice que vous serez obligé de faire à mon amitié.
Vous m'avez accusé la réception de quelques-unes de mes pièces, et vous n'y ajoutez aucune critique. Ne croyez point que j'aie négligé celles que vous avez bien voulu faire de mes autres pièces. Je joins ici la correction nouvelle de l'Ode sur l'Amour de Dieu,a ajoutée à une petite pièce adressée à Césarion. La manie des vers me lutine sans cesse, et je crains que ce soit de ces maux auxquels il n'y a aucun remède.
a Voyez t. VII, p. 25.
b Ou que des flegmes, des flatuosités, etc. (Variante des Œuvres posthumes, t. X, p. 125.)
a Voyez t. XIV, p. 16-19.