<216>l'une sur les ouvrages de M. Dutot,a et l'autre sur Mérope.b Ce sont des chefs-d'œuvre chacune dans leur genre. Vous jugez de la poésie en Horace, et de l'art de rendre les hommes heureux en Agrippa et en Amboise.c

N'oubliez pas d'assurer la marquise de tous les sentiments d'admiration que son mérite m'inspire; je ne parle point de sa beauté, car il paraît qu'elle est ineffable.

Je mène depuis quelque temps une vie active, et très-active. Dans quelques semaines, la contemplative aura son tour. On peut être heureux et dans l'une, et dans l'autre; et comment peut-on être malheureux, lorsqu'on peut se flatter d'avoir de vrais amis? Soyez toujours le mien, monsieur, et ne doutez jamais de l'estime parfaite avec laquelle je suis, monsieur, etc.

59. DE VOLTAIRE.

Cirey, 5 août 1738.

Monseigneur, j'ai reçu la plus belle et la plus solide des faveurs de V. A. R. L'ouvrage politiqued m'est enfin parvenu. Je me doutais bien que celui qui réussit si bien dans nos arts excellerait dans le sien. J'étais étonné de voir en votre personne un métaphysicien si sublime et si sage, un poëte si aimable. Je ne suis point étonné que vous écriviez en grand prince, en vrai politique; n'est-il pas juste que V. A. R. fasse bien son métier? Malheur à ceux qui entendent mieux les autres professions que la leur! Je m'en vais dire une impertinence : je crois que si ces Considéra-


a Voyez, relativement aux Réflexions politiques (de M. Dutot) sur les finances et le commerce, 1738, deux vol. in-12, les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XXXVII, p. 536 et suivantes.

b L. c., t. V, p. 100 : A M. le marquis Scipion Maffei, auteur de la Mérope italienne et de beaucoup d'autres ouvrages célèbres. Maffei composa sa Mérope en 1713, à l'âge de trente-huit ans.

c Voyez t. XII, p. 68.

d Voyez t. VIII, p. 1-32.