<284>Comme ces vérités dures dont parle Henri IV ne regardent point la reine Élisabeth, mais des rois qu'Élisabeth n'aimait point, il est clair qu'il n'en doit point d'excuses à cette reine; et c'est une faute que j'ai laissée subsister trop longtemps. Je mets donc à sa place :
Un autre, en vous parlant, pourrait avec adresse, etc.aVoici, au sixième chant, une petite addition; c'est quand Potier demande audience :
Il élève la voix; on murmure, on s'empresse, etc.bJ'ai cru que ces images étaient convenables au poëme épique;
Ut pictura poesis erit.....cAu septième chant, en parlant de l'enfer, j'ajoute :
Êtes-vous en ces lieux, faibles et tendres cœurs,
Qui, livrés aux plaisirs, et couchés sur des fleurs,
Sans fiel et sans fierté couliez dans la paresse
Vos inutiles jours filés par la mollesse?
Avec les scélérats seriez-vous confondus,
Vous, mortels bienfaisants, vous, amis des vertus,
Qui, par un seul moment de doute ou de faiblesse,
Avez séché les fruits de trente ans de sagesse?a
Voilà de quoi inspirer peut-être, monseigneur, un peu de pitié pour les pauvres damnés, parmi lesquels il y a de si honnêtes gens. Mais le changement le plus essentiel à mon poëme, c'est une invocation qui doit être placée immédiatement après celle que j'ai faite à une déesse étrangère, nommée la Vérité. A qui dois-je m'adresser, si ce n'est à son favori, à un prince qui l'aime et qui la fait aimer, à un prince qui m'est aussi cher qu'elle, et aussi rare dans le monde? C'est donc ainsi que je parle à cet homme adorable, au commencement de la Henriade :
Et toi, jeune héros, toujours conduit par elle,
Disciple de Trajan, rival de Marc-Aurèle,
a La Henriade, chant I, v. 385.
b L. c., chant VI, v. 75.
c Horace, Art poétique, v. 361.
a La Henriade, chant VII, v. 199-206.