<314>Mon ordonnance est du bon vin,
Frédéric est mon médecin,
Et vous m'êtes fort inutile.
Adieu; je ne suis plus tenté
De vos drogues d'apothicaire,
Et tout ce qui me reste à faire,
C'est de boire à votre santé.

Monseigneur, c'est M. Schillinga qui m'apprit, il y a quelques jours, la nouvelle du débarquement de ce bon vin dans la cave du patron de cette liqueur; et M. le duc d'Aremberg nous donnera ce divin tonneau à son retour d'Enghien; mais la lettre de V. A. R., datée du 26 juin, et rendue par ledit M. Schilling, vaut tout le canton de Tokai.
O prince aimable et plein de grâce!
Parlez; par quel art immortel,
Avec un goût si naturel,
Touchez-vous la lyre d'Horace
De ces mains dont la sage audace
Va confondre Machiavel?
Le ciel vous fit expressément
Pour nous instruire et pour nous plaire.
O monarques que l'on révère!
Grands rois, tâchez d'en faire autant;
Mais, hélas! vous n'y pensez guère.

Et avec toutes ces grâces légères dont votre charmante lettre est pleine, voilà M. Schilling qui jure encore que le régiment de V. A. R. est le plus beau régiment de Prusse, et par conséquent le plus beau régiment du monde; carOmne tulit punctum......a est votre devise.

V. A. R. va visiter ses peuples septentrionaux; mais elle échauffera tous ces climats-là, et je suis sûr que, quand j'y viendrai (car j'irai sans doute, je ne mourrai point sans lui avoir fait ma cour), je trouverai qu'il fait plus chaud à Remusberg qu'à


a Voyez ci-dessus, p. 334.

a Horace, Art poétique, v. 343.