<328>J'attends vos corrections sur la Préface de la Henriade, afin d'y changer ce que vous avez trouvé à propos; après quoi la Henriade volera sous la presse.
J'ai fait construire une tour au haut de laquelle je placerai un observatoire. L'étage d'en bas devient une grotte; le second, une salle pour des instruments de physique; le troisième, une petite imprimerie. Cette tour est attachée à ma bibliothèque par le moyen d'une colonnade au haut de laquelle règne une plate-forme. Je vous en envoie le dessin pour vous amuser, en attendant que l'on construise l'hôtel de ville et les marchés de Paris.
J'attends de vos nouvelles avec beaucoup d'impatience, et je vous prie de me croire de vos amis autant qu'il est possible de l'être.
Césarion ne veut pas que je sois son interprète; il aime mieux vous écrire lui-même.
Quoique rien ne saurait être ajouté aux sentiments de tendresse et à mon parfait attachement pour vous, monsieur, il est pourtant hors de doute que, s'il avait plu à mon auguste maître de vous les dépeindre, vous en auriez été convaincu d'une manière bien plus agréable. Je suis en savoir comme une jeune beauté passée qui doit la plupart de ses charmes à ses ajustements. Déshabillée, vous déplairait-elle? Je pense que non, et j'ose hardiment vous faire voir toute nue l'amitié avec laquelle je serai toute ma vie, monsieur, tout à vous, et votre, etc., DE KEYSERLINGK.
Faites agréer, je vous en supplie, mes assurances de respect à madame la marquise. Je serais au comble de mes souhaits, si, à la suite de mon adorable maître, je pouvais me transporter à Paris, pendant que madame du Châtelet, M. le prince de Nassau, et vous, monsieur, contribuez à en embellir le séjour. Mais, monsieur, jugez-moi, s'il vous plaît, par vous-même : seriez-vous disposé à quitter madame la marquise pour venir nous trouver à Remusberg?