<34>Vous voyez, monsieur, un disciple qui demande à s'instruire; vous voyez en même temps un ami sincère qui agit avec franchise, et j'espère que votre esprit juste et pénétrant s'apercevra facilement que mon amitié seule vous parle. Usez-en, je vous prie, de même à mon égard.
J'avoue que mes réflexions sont plutôt celles d'un géomètre que les remarques d'un poëte; mais l'estime que j'ai pour vous, étant trop bien établie, sera toujours la même. Je suis à jamais, monsieur, etc.
12. AU MÊME.
Remusberg, 8 février 1737.
Monsieur, ne vous embarrassez nullement du bruit qui s'est répandu sur la correspondance que j'ai avec vous; ce bruit ne nous peut faire de la peine ni à l'un ni à l'autre. Il est vrai que des personnes superstitieuses, dont il y a tant dans ce pays, et peut-être plus qu'ailleurs, ont été scandalisées de ce que j'étais en commerce de lettres avec vous; ces personnes me soupçonnent d'ailleurs de ne point croire à la rigueur tout ce qu'elles nomment articles de foi. Vos ennemis les ont si fort prévenues par les calomnies qu'ils répandent sur votre sujet avec la dernière malignité, que ces bons dévots damnent saintement ceux qui vous préfèrent à Luther et à Calvin, et qui poussent l'endurcissement de cœur jusqu'à oser vous écrire. Pour me débarrasser de leurs importunités, j'ai cru que le parti le plus convenable était de faire avertir le gazetier de Hollande et d'Amsterdam qu'il me ferait plaisir de ne parler de moi en aucune façon.
Voilà, monsieur, la vérité de tout ce qui s'est passé; vous pouvez y ajouter foi. Je peux vous assurer que je me fais honneur de vous estimer, et que je tire gloire de rendre hommage à votre génie. Je consentirai même à faire imprimer tous les endroits de mes lettres où il est parlé de vous, pour manifester aux