<375>Tantalus a labris sitiens fugientia captat
Flumina.b
Vous, le Boileau des princes, vous le traduisez en un seul;c eh! tant mieux; cela en est bien plus fort et plus énergique. J'aime à vous voir imperatoriam gravitatem.
Ce n'est pas là le style qu'en général on reproche aux Allemands. Or, à présent que j'ai eu l'honneur de vous prouver en passant que vous aviez ce petit avantage sur Boileau, il n'est plus surprenant que je vous dise, monseigneur, en toute humilité, qu'il y a dans votre Épître plusieurs vers que je serais bien glorieux d'avoir faits. V. A. R. entend l'art de s'exprimer autant que celui d'être heureux dans toutes les situations. On dit ici Sa Majesté entièrement rétablie. Les vœux de votre cœur vertueux sont exaucés.
Vous direz toujours comme Horace :
Nave ferar magna an parva, ferar unus et idem.dLes plaisirs, l'amitié, l'étude,
Vous suivront dans la solitude.
Du haut du mont Rémus vous instruirez les rois;
Le véritable trône est partout où vous êtes.
Les arts et les vertus, dans vos douces retraites,
Parlent par votre bouche, et nous donnent des lois;
Vous régnez sur les cœurs, et surtout sur vous-même.
Faut-il à votre front un autre diadème?
A la laide coquette il faut des ornements,
A tout petit esprit des dignités, des places;
Le nain monte sur des échasses;
Que de nains couronnés paraissent des géants!
Du nom de héros on les nomme;
Le sot s'en éblouit, l'ambitieux les sert,
Le sage les évite, il n'aime qu'un grand homme;
Ce grand homme est à Remusberg.
J'ai fait partir, monseigneur, pour cette délicieuse retraite un gros paquet qui vaut mieux que tout ce que je pourrais envoyer à V. A. R. C'est la philosophie leibnizienne d'une Française de-
b Horace, Satires, liv. I, sat. 1, v. 68 et 69.
c Voyez l'Épître sur la Gloire et l'Intérêt, t. X, p. 89.
d Voyez ci-dessus, p. 159.